Changer d’angle pour mieux accompagner les enfants... et si on faisait un pas de côté.

Dans notre quotidien , nous multiplions les demandes adressées aux enfants : « dis bonjour », « prête ton jouet », « dépêche-toi », « finis ton assiette », « calme-toi ». Ces injonctions, souvent routinières, parfois pressées, parfois bienveillantes mais maladroites, façonnent notre rapport à l’enfance.

Mais que se passe-t-il si l’on s’arrête un instant ? Si l’on prend un pas de côté?

Changer d’angle : la puissance de la mise en miroir:

Fanny Vella, autrice et illustratrice, propose au travers de ses dessins , une inversion subtile des rôles : elle transpose à des adultes des situations ordinaires vécues par les enfants. Une femme à qui l’on demande d’embrasser un inconnu, un homme forcé de partager sa voiture « parce qu’il faut prêter », une autre sommée de finir son assiette

.L’effet est immédiat : cela dérange, choque parfois, mais surtout interroge.

Pourquoi ce qui est inacceptable pour un adulte deviendrait-il normal pour un enfant ?

Cette démarche met en lumière une vérité dérangeante : nous demandons souvent à l’enfant de s’adapter à nos besoins, à notre rythme, à nos conventions, sans toujours respecter les siens.

Le regard de la puéricultrice : entre cadre et écoute

Les puéricultrices, professionnelles de la petite enfance, sont quotidiennement confrontées à cette tension : poser un cadre sécurisant tout en respectant le développement et les besoins individuels de chaque enfant.

En crèche par exemple, dans l’accompagnement des enfants , on observe que ces derniers vivent mieux les consignes lorsqu’ils sentent compris et que leur émotion est entendue.

C'est pourquoi il est important de nommer l'émotion et de rassurer. “Tu n’as pas envie de le prêter pour l’instant, c’est ton droit.”

Puis, il est possible de proposer des alternatives, d'attendre qu’il soit prêt. Ce regard professionnel montre qu’il ne s’agit pas de céder à tout, mais de comprendre le besoin derrière le comportement : le besoin d’autonomie, de sécurité, de reconnaissance.

Et pour les parents:

Pour les parents, souvent pris dans le rythme effréné de la vie quotidienne, il n’est pas toujours facile de prendre du recul. Pourtant, ce « pas de côté » est une clé. Il ne s’agit pas de se culpabiliser, mais de s’observer avec honnêteté.

Demandons-nous : si quelqu’un me disait de prêter mon téléphone à un inconnu, comment je réagirais ? Si l’on me disait que je dois « faire un bisou pour dire bonjour », même sans envie, que ressentirais-je ?

Ces mises en parallèle permettent de réintroduire de l’empathie dans la relation éducative, de respecter le rythme et les émotions de l’enfant tout en transmettant nos valeurs.

Vers une posture plus juste

Prendre un pas de côté, c’est questionner sans cesse notre posture d’adulte. C’est accepter que l’enfant n’est pas un petit adulte à modeler selon nos désirs, mais un être en construction, digne de respect.

C’est aussi comprendre que l’autorité peut s’exercer sans humiliation, que l’écoute n’est pas un laxisme, et que poser des limites n’exclut pas la bienveillance.

Comme le dit Fanny Vella :

« Ce n’est pas l’enfant qu’il faut changer, c’est le regard que nous posons sur lui. »

Il ne s’agit pas donc d’être des parents ou des professionnels parfaits. Il s'agit juste de toujours se questionner quand on demande quelque chose à son enfant .

Accompagner les enfants c'est avant tout marcher à coté .

Alors si, la prochaine fois que vous demanderez quelque chose à votre enfant, vous preniez une seconde pour voir la scène autrement ?

N'hésitez pas à découvrir: https://www.instagram.com/fannyvella

ou de lire son livre : " Et si on changeait d'angle? " de Fanny Vella